L'art de se méfier... [pv Kageru]

Kageru avait travaillé toute la matinée, mais aussi durant le début de l'après midi. Dans ce champ de fleur qu'était la boutique, il se sentait en trop, sale. Il n'avait pas sa place parmi la beauté des roses et des orchidées, il n'aimait pas non plus que toutes ces femmes le regardent avec des yeux curieux et timide. Il les gratifiait d'un sourire charmeur puis retournait à ses occupations lorsqu'elles quittaient les lieux. Elles lui semblait fade. L'absurdité du monde lui apparaissait plus clairement qu'à l'époque, certainement depuis la perte de son œil, mais il ne regrettait rien. Il ne faisait que se servir de la faiblesse des gens pour obtenir ce qu'il désirait. Pouvait-on réellement lui reprocher si ces idiots voyaient le monde en couleur et tombés dans son piège ? Ils auraient du plutôt le remercier pour leur avoir ouvert les yeux. Le fleuriste n'avait aucune culpabilité sur ses actes, car s'il n'avait pas été celui qui les avaient fait tomber de leur piédestal, un autre l'aurait fait. La voix d'une charmante jeune fille attira son attention et il alla la renseigner. La demoiselle avait de long cheveux ébènes, ses yeux légèrement plissé et brun révélait des origines asiatiques. Elle quémanda son aide pour choisir un bouquet pour son compagnon et le jeune homme ne pu s'empêcher de soupirer intérieurement. Si elle avait été sa partenaire, jamais elle n'aurait pensé à lui offrir un cadeau si futile. Écarter les jambes était moins couteux et plus attractif que de vulgaires plantes. Pourtant, bien qu'il crachait sur la végétation, chacun des tableaux dans son logement représenté un paysage, ou encore une peinture de fleur aux pétales rouge.

Lorsqu'enfin il quitta la boutique, il était 15h. Il passa le relais à son collègue et parti se dégourdir les jambes. Malgré l'ennui et la lassitude de ces jours tous semblable, Kageru trouvait toujours le moyen de s'amuser. Ce jour-là, il jeta son dévolu sur deux jeunes gens, un garçon aux cheveux châtain court, coiffé en balais-brosse et sa jeune camarade aux cheveux frisé et brun. Assit plus loin dans l'herbe, il les étudia méticuleusement, cherchant à savoir quel était leur relation. Les gestes maladroit du jeune homme ne pouvait pas le tromper en avec un sourire fauve, il s'amusa à torturer psychologiquement le garçon qui tentait tant bien que mal de séduire sa femelle. Le fleuriste lui envoya diverses pensées, lui faisant croire qu'elle attendait quelque chose, que ses yeux cachait de la timidité et qu'il devait faire le premier pas. Sa réticence fut palpable et le borgne grimaça en perdant durant quelques secondes le fil de son jeu. Plus d'une fois, il failli perdre ce lien entre eux, parce que l'angoisse de l'inconnu le repoussait avec une telle force qu'il aurait pu en tomber par terre. Il refusait ces pensées trop orgueilleuse, évitait le regard de sa belle de crainte de se voir repousser. Kageru se fit plus persévérant et comme à l'accoutumé, il en ressorti vainqueur. À force de l'accablée d'images éparpillées reflétant son désir pour elle, le jouet tenta de l'embrasser, en vain. Une main vint le gifler et il en resta figé. Avec honte, il regarda sa camarade s'éloigner tandis que son bourreau se vautré dans l'herbe en riant silencieusement.

Lorsque le malheureux reparti pour trouver refuge dans un lieu plus abrité, l'ennui revint assaillir notre bourreau des cœurs qui roula sur le ventre. De son unique œil valide, il jeta un rapide coup d'œil à gauche, puis à droite avant de s'étaler dans l'herbe fraiche. Réchauffé par les rayons de soleil, il fermât les yeux et roula une nouvelle fois pour se retrouver sur le dos. Les paupières closes, il étendit ses bras, ouvrant les paumes. Il n'avait plus rien à faire et comme d'habitude diverses pensées lui traversèrent l'esprit. La première pensée fut de se demander s'il était douloureux de se prendre un coup de jus en mettant les doigts dans une prise. La seconde fut de se demander si les lesbiennes pouvaient être excitées devant une bite et enfin, la troisième et dernière, fut de savoir s'il manquerait réellement à quelqu'un si son existence venait à disparaitre. Il jugea que non, sa mère serait peut-être attristé par la perte de sa magnifique poupée, mais elle finirait par se rappeler qu'il n'était pas aussi parfait que ce qu'elle espérait en voyant les tableaux chez lui. Il s'en fichait après tout, lui même ne se manquerait pas. Kageru trouva finalement le repos sous la chaleur des derniers jours d'hiver.

Une douce voix l'arracha de ses songes mouvementés, mais son corps resta inerte. Il n'ouvrit pas les yeux, sentant plutôt la fraicheur nocturne lui mordre la peau de la nuque. Il n'était que peu couvert. Un jeans délavé avec des Docks, un haut à manche courte noir en dessous de sa fragile veste en cuir. Une chaine se percuta sur une autre, les deux étaient attachés à sa ceinture et le cliquettement de ces dernières le força à entrouvrir son œil. Il découvrit le visage d'un homme aux traits efféminés. Ses cheveux étaient blanc, comme ceux d'un vieillard. Kageru se redressa sur ses coudes en grimaçant. Il avait prit l'habitude depuis sa plus tendre enfance à dormir à même le sol malgré les cris d'indignation de sa mère adoptive. Pour une raison qu'il ignorait, il aimait cette sensation sur son dos lorsqu'il se faisait battre par la rudesse de la terre. En dévisageant plus attentivement le nouveau venu, il remarqua que ses longs cheveux d'ivoire étaient négligemment attaché en queue de cheval. La bête gronda intérieurement, regardant avec un appétit maladif cet inconnu. Il avait toujours aimé ces êtres loin d'être parfait, doté d'une touchante maladresse qui les rendaient si vulnérable. Il tenta de sonder son esprit à travers ses yeux, mais seul de l'inquiétude était peint sur ses traits. Il joua alors la carte du gamin fugueur. Il se recoucha en lui tournant le dos, se recroquevillant légèrement sur lui même en ramenant ses genoux vers son gosier pour se tenir plus chaud.

« C'est bon, j'ai l'habitude, rentrez donc chez vous. »

Il frissonna une nouvelle fois en sentant une brise plus froide s'abattre sur sa nuque dénudée. L'inconnu partirait et le laisserait rentrer chez lui... S'il était trop sensible, cette âme charitable lui prêterait main forte ou chercherait à en savoir plus. Alors, le jeu de Kageru commencerait et il croquerait ce ravissant lapin blanc imprudent qui avait eu l'audace de frimouser son pompon sous le museau d'un renard.

La proie avait mordu à l'hameçon. Une main se posa délicatement sur son épaule et Kageru se mit à sourire. Toujours dos tourné à l'homme, il savourait cet instant précis, laissant son corps s'embrasser de ce futur gibier qu'on lui offrait. Avec un self-control digne du manipulateur qu'il était, il ne lui fallu guère plus de quelques secondes pour se baigner dans une ambiance morose de sans abri et de jeune homme abandonné. Il ne rejeta pas le contact, bien que ce simple contact semblait le bruler maintenant. Du moment qu'il gardait un tissu entre eux, être touché ne le dérangeait pas.

« Vous ne pouvez rester dehors par ce temps... Je vous en prie, laissez moi vous aider... Vous allez attraper la mort... Je suis médecin, je sais de quoi je parle... »

Le fleuriste haussa un sourcil sans même daigner se tourner vers lui. Il analysa la situation, la gravité que ses actes pourrait causer... Puis il leva les yeux au ciel. Quelle importance, il avait déjà perdu un œil, sa vie n'avait aucune importance. Il était inutile de rester dans ce monde si tout les jours se ressemblaient, il n'aurait plus la force de se lever chaque matin pour aller travailler s'il ne pouvait pas se soulager sur des victimes au cœur sensible. Il était un loup dans un monde de brute et comme chaque prédateurs, il ne vivait qu'à travers la haine de ses jouets. Les doigts de l'homme se retirèrent et son corps se détendit immédiatement. Parfait, tout comme Kageru l'avait espéré, même son corps pouvait lui obéir malgré le froid. Il resterait donc dans le rôle d'un personnage qui n'accorde pas sa confiance à n'importe qui. Il se créa une vie en se plongeant dans ses pensées pendant quelques instants. Il serait Kageru le rebelle, qui avait vu sa famille se briser à cause de la misère et la pauvreté. Il serait Kageru l'hargneux qui avait cru être assez fort pour défier plus fort que lui et qui en avait perdit un œil, croyant que s'opposer aux tyrans de son frère serait sans conséquence.

« Je peux vous héberger pour la nuit si vous n'avez nul part où aller... Ça ne me dérange pas... Et puis, je ne peux pas vous laisser ici comme si de rien n'était... »

Agir comme il s'apprêtait à le faire avait de forte chance de faire fuir la victime. S'il repoussait chacun de ses actes de bonté, il foncerait droit dans le mur et se retrouverait de nouveau seul, mais son personnage ne se permettrait pas d'être prit si facilement en pitié. Kageru fini par se tourner vers son bienfaiteur, le toisant d'un regard dur et méfiant. Il se redressa sur ses coudes, ramenant par la même occasion une jambe contre lui en la repliant. Il le dévisagea une première fois, baissant les yeux pour le regarder de haut en bas, puis cette fois-ci, il dévisagea son visage en haussant un sourcil.

« Êtes-vous en train d'insinuer que je ne peux pas me débrouiller seul ? »

Il fallait être sacrément aimable pour proposer à un sans abri dont on ne connaissait pas même le nom de dormir chez soi. On pouvait conduire un homme vers un refuge, venant d'une âme charitable, ce n'était pas impossible, mais proposer une telle offre ? C'était prendre le risque d'être dans les grands titres des journaux, non pas pour notre admirable grand cœur, mais parce qu'on aurait retrouvé un cadavre au fin fond d'une ruelle sale, à l'odeur pestilentielle de l'urine de clochard. Kageru eu un léger mouvement de recul en grognant doucement. Quand bien même il repousserait son bienfaiteur, il lui suffirait de reproduire ce même jeu plusieurs soirs au même endroit. S'il repassait par là, il pourrait finir par se prendre d'affection pour ce jeune garçon sans nul part où aller. Si une autre personne venait à sa rencontre, il changerait de rôle et deviendrait plus craintif, mais aussi une personne quémandant de l'aide. Dans le pire des cas, aucune âme charitable ne s'arrêterait à ses côtés et il crèverait dans le froid hivernal. Toutes ces options lui convenait parfaitement.

« Qu'est-ce qui me prouve que vous êtes réellement médecin ? »

Il afficha une expression quelque peu paniqué à l'idée de se retrouver avec un psychopathe. Kageru savait simuler des personnages si réaliste qu'il se surprenait lui même. En ce moment même, son frère aurait pu passer que le jeune fleuriste ne l'aurait même pas salué, plongé dans sa nouvelle vie fictive, il n'était plus un membre des Uzima. Son regard restait pourtant fier malgré la crainte au fond de ses yeux. Il ressemblait en tout point à un jeune homme qui refusait de demander de l'aide... Mais qui avait besoin d'une main bienveillante pour l'aider à se relever dans la misère de ces derniers jours.

Contre toute attente, le médecin acquiesça avant de sortir un petit badge de sa veste. Kageru plissa les yeux dans l'obscurité, bien que quelques lampadaires étaient éparpillés dans le parc, ils étaient suffisamment éloigné pour que la pénombre l'empêche de déchiffrer les lettres sur ce "talisman". Il ne prononça pas le moindre mot, même après avoir identifié l'individu comme un neurologue de l'hôpital. Il fallait qu'il tombe sur ce genre de mec... Un infirmer ou un docteur aurait été préférable. Kageru n'aimait pas ces gens dont leur métier consistait à toucher au cerveau des gens. Ils n'avaient pas d'outils, mais même sans armes, ils pouvaient devenir destructeur entre les mains d'une mauvaise personne. Ce n'était pas la cruauté qui le repoussait, mais qu'un homme tente de s'infiltrer dans sa tête lui déplaisait tout particulièrement. Il n'aimait pas cette sensation de jouet.

« Vous voyez... Il y a écrit là... Neurologue... »

Le fleuriste fit mine de froncer les sourcils, jetant un rapide coup d'œil sur le visage de l'homme. Il s'appelait Adam Spencer, du moins, c'était ce qui était écrit sur son badge de neurologue. Il savoura ce prénom, goutant à cette part d'intimité qu'il découvrait de lui. Chaque découverte sur cet adulte l'enivrait d'un désir conquérant. Le jeune homme le regarda d'un sourire fauve, détaillant avec soin ce qui serait son royaume dans leur jeu... Mais extérieurement, il ressemblait toujours à ce garçon méfiant et abandonné.

« Ecoutez... Je suis désolé si je vous ai offensé mais... Je veux vraiment vous aider... Accepter mon aide... Au moins pour cette fois... Et demain si vous préférez vous débrouiller seul... Je vous laisserez tranquille... C'est promis. »

Kageru secoua la tête faiblement, il ne prit pas la main généreuse qui se tendit à lui. Sa véritable personnalité non plus ne voulait pas saisir cette chose qu'on lui offrait. Il n'avait pas envie de toucher une peau, un autre être vivant. Son rêve était encore trop distinct... Et flou à la fois. Il n'avait jamais aimé qu'on le touche, encore moins ceux qui semblaient parfait d'un point de vu extérieur. Ils étaient en réalité les pires, les plus pourri. Le manipulateur s'arma d'une fatigue normalement dissimulé et ses traits devinrent plus mou. Son visage se fendit en une grimace de lassitude et d'épuisement. Il ne simuler qu'à moitié. Insomniaque de base, il n'avait jamais prit aucun médicament pour faire passer ses nuits plus rapidement, il les jugeaient inutile. Il se contentait alors de fixer bêtement son plafond jusqu'à ce qu'un songe daigne s'emparer de son âme, mais lorsque l'eau cristallisé des rêves venaient enfin à lui, ce n'était que lorsqu'il se trainé à même le sol. Même épuisé et sur le carrelage froid et blanc, il arrivait parfois qu'il ne s'endorme pas, il se relever alors pour aller fumer sur sa terrasse en regardant les étoiles, puis il finissait régulièrement par regagner sa petite pièce secrète pour y jouer du violon. Il n'avait jamais non plus réellement aimé en jouer, mais sa mère désirait des enfants parfait. Son frère avait hérité du piano et lui, du violon.

Kageru baissa légèrement la tête, la détournant pour ne plus voir cette main chaleureuse. Il ferma les yeux lentement, avant de déposer délicatement une main sur son œil borgne. En ce moment précis, il semblait désemparé, perdu. Lorsqu'il rouvrit l'œil, fixant un point invisible dont il était le seul à voir, une lueur d'abandon brillé dans son unique prunelle, mais lorsque son regard se posa une nouvelle fois sur le visage quasi androgyne de son bienfaiteur, il avait reprit une arrogance digne d'un chat de gouttière. Partagé entre le chat sauvage qui feulait sur cet intrus, et le chien errant qui mourrait de froid au fond de la ruelle, deux sentiments se battaient sur son visage.

« Laissez moi... Je peux me débrouiller seul. »

Il se redressa pour s'assoir avant de ramener ses jambes contre son torse. Là, il enroula ses bras autour de ses genoux et y déposa sa tête. Le bas de son visage était caché, on ne pouvait voir plus qu'un nez droit ainsi qu'un œil luisant dans le noir. Quelques unes de ses mèches étaient venu cacher une partie de son visage.

« Je n'ai besoin de personne, j'y arriverais seul... »

Il refusait de le regarder en face, fixant plutôt cette fois-ci, un arbre aux branches dépourvu de feuille. Au pied du roi du parc, jonchés immobile des feuilles mortes, pareil aux cheveux d'un vieillard dont la vie s'éteignait petit à petit.

« Si... Vous n'aviez besoin de personne... Je veux dire réellement... Je pense que vous ne seriez pas dehors par ce temps... Vous ne seriez pas contraint de dormir dans cet endroit lugubre... »

Le médecin désigna le parc comme un lieu "lugubre", mais honnêtement, Kageru n'était pas de son avis. Il devait bien y avoir quelques personnes glauque tard le soir comme des dealers, des rogués, des clochards ou des putes, mais ils lui semblait assez inoffensif. Du moment qu'on ne s'occupait pas de leurs affaires, ces gens laissez généralement les autres en paix. Toutefois, il tenait un autre rôle et il devait agir comme tel. Il grimaça légèrement, cachant son inquiétude à l'homme tandis que son regard se dérobait plus encore. Il jeta un rapide coup d'œil aux environs et frissonna de tout son long. Une chose était sur, il n'avait aucune envie de dormir ici par ce temps.

« Vous devez avoir faim en plus... Je me doute bien que vous êtes autonome mais... Parfois un peu d'aide ça ne fait de mal à personne vous savez... Laissez moi vous aider un peu, et si demain vous ne voulez plus de mon aide... Alors vous n'aurez qu'à partir... Je ne vous retiendrez pas. Mais au moins pour ce soir... S'il vous plait... »

Pour la première fois de la soirée, Kageru prit enfin conscience qu'il n'avait pas mangé depuis le matin et son ventre émit un léger gargouillis d'oisillon affamé, comme pour lui faire comprendre qu'il devait manger. Il ne se laissait pas aller ainsi devant les gens, surtout devant un inconnu. Sa mère attendait de lui un fils parfait, qui ne se salit pas, qui ne mange pas et qui ne commande guère plus qu'un fond de verre d'eau. Il fallait de la discipline pour vivre dans cette famille aisée et son père n'avait jamais rien retrouvé à redire à sa femme malgré l'acharnement dont elle avait fait preuve sur sa progéniture. Ce n'était pas des enfants qu'elle voulait, mais des poupées, voir des robots. La faim lui arracha un autre gargouillement et il en vint à rougir de honte en se tenant l'estomac. Rapidement, il reprit le masque qu'il venait de se forger et échappa à ses véritables sentiments en jetant un regard arrogant et embarrassé à l'individu. C'était ainsi qu'aurait agit l'homme abandonné, le véritable fleuriste quant à lui se serait plutôt caché dans un coin pour qu'on ne puisse plus jamais le voir. Il détestait avoir honte. Son regard fuyant plus d'une fois le neurologue Spencer, il posa finalement son unique œil valide sur ses cheveux. Il grogna en détournant la tête cette fois.

« Me faîtes pas chier... »

Puis il abandonna. Il baissa la tête en affichant une petite moue puis la releva pour le regarder dans les yeux. Il avait toujours cette fierté farouche, mais aussi cette lueur inexplicable. Peut-être de gratitude, mais bien dissimulé.

« Une nuit seulement... Après vous me foutrez la paix... »

Kageru préférait le suivre maintenant, s'il tentait trop de le repousser, il risquer fort de perdre totalement l'individu et pour une raison ou une autre, il ne voulait pas quitter le blanco. Il ne se sentait pas réellement reconnaissant, mais son imperfection le rendait très attrayant et sa bonté le rendait plus lumineux encore. L'adulte aurait aimé faire de lui un papillon, puis lui arracher les ailes pour le regarder prisonnier dans une cage de verre. Là, il serait mort en gardant cette beauté propre à lui même et même si son corps périssait, il conserverait ses ailes comme souvenir.

L'homme se releva et Kageru le suivit du coin des yeux. Il se crispa, sentant les battements de son cœur accélérer. Le médecin avait détaché ses cheveux, les laissant retomber agilement sur ses épaules. Ce ne fut pas parce qu'il fut étonné de voir que l'homme pouvait s'avérer beau qu'il se retint de lui bondir dessus, mais parce que les cheveux long et détachés rendaient les gens bien plus sexy à ses yeux. Il gronda intérieurement, arrachant les vêtements de sa pauvre victime du regard, le plaquant dans un coin de sa tête pour y découvrir des fantasmes qu'il apprécierait assouvir. Hélas, ce désir s'estompa bien vite car déjà Spencer ramener ses cheveux en une queue de cheval basse.

« Si c'est votre souhait... Je n'habite pas très loin, suivez moi... »

Kageru se leva à sa suite pour le suivre docilement, gardant une distance raisonnable entre eux. Il ne devait pas s'approcher de lui, ou il risquait de prendre l'élastique entre ses doigts pour tirer délicatement dessus, il plongerait alors l'homme sur la pelouse en l'empêchant de poser la moindre question en l'écrasant sous son poids. Ça ne se passerait pas ainsi car il ne violait pas, on venait à lui, non l'inverse.

« Nous y serons rapidement... »

Le jeune adulte resta silencieux sur tout le trajet, se contentant de relever les yeux de temps à autre sur le dos de l'homme. Il marchait derrière lui, silencieusement et encore une fois, il fut surprit de voir que ce dernier ne se retournait pas dans la crainte de se faire agresser. N'importe qui d'un peu fêlé en aurait profité. Kageru avait du mal à supporter ce genre de personne au bon cœur, surtout ceux qui croyaient naïvement qu'ils ne leurs arriveraient rien du moment qu'ils restaient aimables. Finalement, ils arrivèrent devant une maison entouré d'un beau jardin. Le fleuriste s'engouffra à la suite du médecin sans y prêter une réel attention et se glisser à travers la porte tout aussi silencieusement qu'il l'avait suivit. Il découvrit un salon de grande taille, avec diverses photographies étalées sur les murs. Il fronça les sourcils quelques instants, oubliant déjà qu'il était chez un autre que lui. Son regard se posa sur les paysages urbain qui le rebuta immédiatement, puis, il divagua aisément au travers de la pièce en contemplant avec curiosité les couleurs de l'environnement. La maison du fleuriste était grande avec un étage, il avait un balcon, une terrasse et un jardin. L'intérieur de son immobilier n'était fait que de blanc et de noir, comme si la couleur du monde avait été aspiré par son univers pour disparaitre. Mais ici, le beige s'accordait parfaitement à sa sœur, la couleur taupe. Pour harmoniser le tout, quelques touches de blanc et de noir ramenait une part de banalité dans les lieux.

Kageru ne demanda pas à manger, il était bien trop hypnotisé par ce nouveau terrain de jeu. Il baissa les yeux, découvrant un parquet sous ses pieds et comme si c'était la première fois qu'il en voyait, il vint s'accroupir sur le sol en posant ses paumes à plat sur les lattes. Chez lui, tout était recouvert de blanc, les murs, tout comme le carrelage. Il avait eu l'habitude de vivre sur cette sensation froide et dur comme un roc. Lorsqu'il reprit enfin conscience de l'embarra dans lequel il était en train de se mettre, il se releva, fourrant ses mains rougit par le froid au fond de ses poches.

« Vous avez pas une baraque de psychopathe... »

Il posa sur le neurologue un regard méfiant et accusateur qui semblait lui demander où était la pièce dans laquelle il entreposé les cadavres de ses victimes. Son accusation infondé resta cependant contre sa langue, sans daigner s'y détacher.

Captivé par les cheveux d'ivoire de l'homme, Kageru le fixait plus longuement qu'il l'aurait voulu. Ses doigts s'entortillaient autour de quelques mèches rebelles, faisant glisser des cheveux sur sa peau avant de les laisser retomber. Il fit un effort, pensant à des choses plus immondes les unes que les autres pour ne pas aller se frotter à son derrière comme un chien enragé. Un souvenir déstabilisant lui coupa toute envie et il frissonna de dégoût en se rappelant de Justine, sa voisine aux cuisses pleine de cellulite qui se dandinait sur son balcon.

« Peut être bien parce que je ne suis pas un psychopathe... »

Spencer désigna rapidement une pièce. La porte en bois résonna lorsqu'il tapa doucement dessus, procurant un plaisir au fleuriste dont il n'avait plus l'habitude. Il n'aimait pas grande chose, mais la végétation l'apaisé, et l'odeur du bois était une chose qu'il appréciait tout particulièrement. Si le neurologue avait possédé des tableaux de paysages, le jeune homme aurait pu se sentir comblé dans cet environnement inconnu, hélas, il ne voyait qu'un territoire inconnu dans lequel il baiserait ce docteur avant de foutre le camp sans même daigner le regarder.

« Ici il y a la salle de bain si vous avez envie de vous détendre le temps que je prépare à manger mais... Si vous avez vraiment faim, je peux préparer un truc rapidement en attendant... C'est comme vous voulez... Je vous laisse le temps de choisir... »

Kageru commença à réfléchir à son jeu de séduction, essayant d'analyser le plus rapidement possible l'homme aux long cheveux blanc. S'il ne se dépêchait pas, il deviendrait fou par la gourmandise qu'on lui remué sous le nez et le croquerait sans même lui laisser le temps de s'échapper. Il préféra garder l'option de la douche plus tard, préférant en connaitre plus avant tout sur ce curieux personnage. Hélas... ce dernier détacha ses cheveux et tel un gros chat câlin, le fleuriste eu envie de se rouler dans cette masse de cheveux. Il s'approcha de lui à pas feutré, tendant la main vers les mèches nuageuse, mais dès l'instant où il se retourna, prit au dépourvu, il bondit rapidement pour se cacher et faire mine d'explorer encore et toujours l'appartement.

« Alors... Bain ou Repas rapide ? J'aimerai savoir si vous étiez allergique à quelque chose ? »

Son ventre répondu à sa place et il détourna la tête en rougissant légèrement, le visage boudeur. Sa question ne lui apparut pas immédiatement, mais rapidement, il sentit la douche glacé sous laquelle il venait d'être balancé. L'enfant parfait avait-il le droit d'être allergique ? Non. Ne pas aimer quelque chose ? Non plus. Il s'était toujours débrouillé pour être comme on l'attendait de sa part, il avait voulu être parfait, comme les autres membres de sa famille.

« Je préfère manger... Et ne vous inquiétez pas, je mange de tout. »

Il était comme redevenu poli et plus calme, malgré cette agressivité et cette méfiance qui lui restait au visage. Il ne put se retenir et s'avança vers lui, contemplant une nouvelle fois ses cheveux. Il ne les toucha pas, mais resté émerveillé devant eux. Finalement, il releva le visage vers lui, le regardant de son unique œil valide.

« Vous avez de la chance d'avoir d'aussi beaux cheveux... »

Lorsqu'il avait perdu son œil, il avait été paniqué, non pas d'avoir été défiguré, mais de ne plus être capable de regarder les deux yeux d'un homme. On ne se rendait pas compte à quel point il était difficile de soutenir un regard lorsqu'on était borne d'un côté. Le regard faisait beaucoup de chose, l'intimidation... Mais il s'agissait aussi d'un des meilleurs atouts au jeu de la séduction. Les premiers temps, Kageru avait ressemblait à un louveteau affolé, changeant sans cesse de direction sans savoir quel œil regarder chez son partenaire. Maintenant, il était calme, il regarder sans ciller son interlocuteur, avec une confiance certaine et enviable.

« pourquoi voulez-vous m'aider, docteur ? »