Une balade sous la pluie ? [PV Ewan Johnson]

Malgré la pluie et le vent qui se faisait ressentir Gaia avait envie de se balader un peu en ville, non pas pour flâner dans les divers magasins mais plutôt pour se poser un peu dans le parc. Jusqu'à présent elle n’y était allée qu’une seule fois et elle c’était dite qu’il serait bien qu’elle y retourne. La première fois, vu qu’il faisait beau, le paysage était pollué par tous ces pathétiques êtres humains lambda et elle était plus en train de s’énerver envers eux que de profiter du domaine. Les enfants qui couraient partout avec un sourire aux lèvres, leurs parents qui riaient en les voyants, cela la dégoutaient. Élever donc vos enfants de cette manière en leur montrant que des belles choses, ils n’en tomberont que plus haut quand ils découvriront que le monde dans lequel ils vivent les détruiront. Heureusement que la jeune femme vivait désormais au pensionnat, elle ne supportait vraiment plus la présence des autres.

C’est donc armé de son parapluie et portant son long manteau noir ainsi que son chapeau orné de petite tête de mort que Gaia partit en direction du parc. La pluie, elle n’en avait que faire, ayant erré dans la rue plusieurs années il en fallait beaucoup pour l’empêcher d’aller où bon lui semble. Ça dure enfance avait quand même le mérite de l’avoir forgé et de lui avoir donné cette force pour ne pas tomber. D’aspect, elle avait peut-être un cœur de pierre mais si l'on grattait cette couche solide qu’elle essayait de faire passer comme incassable, l’on voie vite qu’elle n’est pas si insensible que ça, du moins, envers les personnes qui sont comme elle. Les insectes de la société n’auront jamais d’effet sur elle si ce n’est que du dégoût et de la haine.

Arrivant au parc elle eut le plaisir de constater qu’il n’y avait presque personne et après avoir marché encore un peu, elle s’installa sur un banc où elle avait la vue d’une bonne partie du parc. Quelle joie de profiter de ce paysage sans les insidieux cloportes qui y grouille. Avec ce temps, la vision qu’offrait le parc était presque déprimant. Le ciel gris, les feuilles qui tombaient, les branches qui pliaient sous le vent, pas âme qui vive, ce n’était pas ce qu’il y avait de plus joyeux cependant, Gaia s’y sentait bien. Comme si cette désolation était quelque chose qui lui correspondait parfaitement. À force d’avoir essayé de courir pour rattraper le bonheur on ne se contentait que de ce que l’on avait à porter et l’on apprenait à être heureux avec. La désolation, le désespoir, la solitude, c’était ce qu’elle avait eu de plus proche pendant ses longues années et elle piochait donc un certain ‘bonheur’ dans les choses les plus sombres.

Se plongeant dans ses pensées, le meurtre qu’elle avait commis refit surface. Cela l’effrayait moins désormais mais elle se posait toujours autant de questions. Les hommes étaient-ils vraiment si faciles à briser ? Et puis, ce genre de chose pouvait-elle arriver de nouveau si on la remettait dans le même état de colère et de rage ? Était-elle quelqu’un de bon ou de mauvais ? Le pensionnat ne lui avait pas encore permis de répondre à tout ça. Espérons qu’elle ait une réponse un jour sans avoir besoin de dépasser ses limites pour arriver au pire…

Elle sortit de ce pèle -mêle et enleva ses lunettes pour essuyer les quelques gouttes d’eau qui y étaient tombées. Après les avoir remis elle aperçue quelqu’un marchant dans sa direction mais elle n’y fit pas vraiment attention et remarqua juste que c’était un homme aux cheveux bleu. Ce n’était pas commun mais c’était bien de sortir un peu du lot, Gaia avait bien les yeux rouges donc..

« Une balade sous la pluie »

Ewan Johnson & Gaia Lockheart

Le papillon avait fini par périr, certainement asphyxié après quelques minutes. Ewan n'avait pas remarqué la torture qu'il lui avait imposé, tout était allait si vite pour lui. L'instant d'avant, il enfermait le misérable insecte sous un verre, quelques minutes à peine après, ses ailes avaient cessaient de battre et il s'était retourné sur le dos. Le médecin haussa les épaules, après tout, il s'en fichait, il avait juste discutait, rien de bien méchant. Que pouvait-il y faire si la bête n'avait pas été suffisamment patiente pour l'attendre et retrouver ainsi sa liberté. Finalement, il retira le verre, le posant plus loin sur sa table avant d'attraper une aiguille. Avec une certaine impassibilité, il la planta dans son dos, entre les ailes, fixant froidement ce minuscule corps sans vie. Le médecin avait laissé ses lunettes plus loin et lorsqu'il entendit quelqu'un venir dans la pièce, il les reprit docilement, les glissant agilement sur son nez en reprenant un air nonchalant et amusé, cet air qui ne lui appartenait qu'à lui. Il se plaça devant la table, bloquant la vision de l'insecte transpercé et tout en suivant son compère hors du lieu, il regarda une dernière fois du coin de l'œil la chose. Voilà ce qu'il était vraiment, un homme sans cœur qui se fichait de voir la misère d'autrui.

Ewan quitta l'hôpital plus tard dans la journée, non pas qu'il était libre, mais personne ne lui en tiendrait rigueur... Parfois, ont envoyés une infirmière à sa recherche pour le ramener au centre, mais jamais il ne se faisait virer. Il restait avant tout un médecin d'un talent inné, plus encore, ses relations haut placées dans le milieu le protéger du danger du chômage. Pourquoi donc alors, devrait-il se retenir de faire quelques bêtises ? Il n'était pas pour autant agressif, il ne faisait rien de mal. Il passait juste pour un flemmard qui voulait prendre l'air. L'adulte sentit quelques gouttes tomber sur ses cheveux, l'une d'elles vint s'écraser sur sa joue et il cligna des yeux avec surprise. Sortant les mains de ses poches, il la tendit devant lui en levant la tête vers le ciel. Ce dernier s'était teint de gris, composés de divers nuages menaçant qui se retenait de gronder de colère. Ça n'arrêta toutefois pas la course de notre médecin qui reporta son attention sur le parc, chantonnant presque. Son air épanoui et sympathique attirait parfois le regard d'un public camouflait parmi la foule, se demandant pourquoi cet homme vêtu d'une blouse avait les cheveux teint en bleu. Ce jour-là, le paysage était quasi désertique et en tournant dans une petite ruelle, il s'autorisa à changer de forme. Lentement, ses traits se firent plus juvénile, ses pas quant à eux ne se calmèrent pas. Durant la métamorphose, on pouvait voir quelques mèches de cheveux se colorier en un magnifique blond.

Lorsqu'il s'échappa de la fine prison formée de deux murs grisâtre, ses habits avaient changé pour devenir ceux d'un jeune adolescent. Ainsi, vêtu d'un simple jeans accompagné de basket noir et blanche et d'un survêtement légèrement trop large, il faisait 17 ans tout au plus. Ses boucles d'oreilles avaient prit la forme d'anneaux d'une jolie teinte or, accommodant parfaitement aux quelques touche de blond dans ses cheveux. À cette époque, il avait gardé une partie de sa couleur naturel, comme s'il hésitait réellement à abandonner ce qu'il était. Par chance, Ewan se souvenait encore de qui il était. Arrivant dans le parc, il regarda à gauche à droite avant d'apercevoir une étrange jeune fille. Elle semblait jeune, surement une autre lycéenne qui préférait se divertir dehors plutôt que sur son bureau. Avec une démarche féline, les mains plongées au fond de ses poches, il vint à elle avec un sourire félin.

- On joue les rebelles, mamzelle ?

Gaia n’eut pas le temps de replonger dans ses pensées vu que le jeune homme, qu’elle avait aperçu quelques minutes plus tôt, vint vers elle avec un sourire digne d’un prédateur. De plus, sa démarche faisait penser que la pensionnaire n’était qu’une proie et qu’il allait lui sauter dessus. Elle n’aimait pas vraiment ça mais, il ne fallait pas porter de jugement trop rapide. Ce qu’elle se demandait surtout c’était pourquoi on venait toujours l’embêter quand elle voulait être seule ? Pas moyen d’être tranquille cinq minutes ici…

- On joue les rebelles, mamzelle ?

Plongeant son regard rouge dans celui de son interlocuteur, elle sentait qu’il n’était pas comme les autres, enfin, qu’il n’était pas une personne banale surtout. C’était déjà ça, elle n’aurait pas à défouler ses nerfs sur un humain de basse société. Cependant, pourquoi venait-il lui parler ? Faisait-il partie du pensionnat ? Vu son âge c’était fort probable et comme elle n’avait pas croisé la moitié des pensionnaires, elle pouvait ne jamais l’avoir vu auparavant. Non… Il fallait plutôt dire ‘comme Madame est toujours dans sa bulle et qu’elle ne fait pas forcément attention à ceux qui l’entourent, elle ne pouvait jamais l’avoir vu.’ Oui c’est mieux comme ça.

- Les rebelles ? Elle esquissa un sourire. Ce n’est pas vraiment le bon terme je pense. Elle détourna son regard pour admirer le parc. Disons plutôt que je profite de mon temps libre et du mauvais temps pour me balader sans croiser personne. Ça marchait bien, du moins… jusqu’à maintenant en tout cas.

Gaia pouvait paraître un peu froide mais elle était comme ça lorsqu’on venait la tirer de ses pensées. En plus, ne sachant pas réellement qui était ce jeune homme elle préférait se méfier. Pouvoir ou pas, il restait un être humain et elle les avait observés que trop longtemps pour dire qu’il fallait toujours faire attention. Surtout en se faisait aborder de cette manière.

- Et vous ? Que venez-vous fuir ou chercher ? On ne sort pas sans raison sous en temps pareil.

Bien que méfiante, il fallait dire que son interlocuteur l’intriguait grandement. Elle était partagée entre curiosité et méfiance mais c’est ce premier sentiment qui l’emportait sur l’autre. L’allure du jeune homme n’était déjà pas commune alors, quel secret pouvait-il bien cacher ? Quelle sorte de pouvoir possédait-il ? S’il en avait un déjà mais, Gaia avait la certitude qu’elle ne se trompait pas sur ce point.

- Et… puis-je savoir votre nom ?

« Une balade sous la pluie »

Ewan Johnson & Gaia Lockheart

Deux prunelles rouge sang se posèrent sur Ewan. Ses long cheveux brun léchaient son visage, ondulant dans une cascade paisible et linéaire ses quelques courbes. Elle ne semblait pas sympathique, ni même bavarde, mais qu'importe ! Le médecin venait de retrouver un côté de sa personnalité qu'il avait perdu il y a maintes années : s'intéresser aux vies humaines. Il avait toujours été d'un tempérament curieux, mais avec l'expérience de la vie qu'il avait eu, chacun de ses gestes camouflait un acte plus barbare, une pensée plus malsaine. À cet âge là, il voulait simplement connaitre les vies qui l'entourait, se souvenir du visage de chacune de ses rencontres.

- Les rebelles ? Ce n’est pas vraiment le bon terme je pense. Disons plutôt que je profite de mon temps libre et du mauvais temps pour me balader sans croiser personne. Ça marchait bien, du moins… jusqu’à maintenant en tout cas.

Sa franchise eu le don de faire rire Ewan qui recula de quelques pas jusqu'à un petit plot situé derrière lui. Il s'y assit à moitié dessus, plongeant ses mains dans les poches de sa veste en la regardant. La jeune inconnue s'était contentée de fixer un nouveau point, comme si elle l'ignorait, mais ça ne chassa pas l'adolescent avide de curiosité. Une fille de cet âge ne devrait pas aimer se promener seule sous la pluie à l'écart de la vie. Il n'y avait que quelqu'un comme le jeune homme pour aimer ce genre de chose... Ou les personnes malsaines. À ses yeux, chaque personne se sentant mal dans sa peau l'était. Craindre sa propre personne, haïr le petit peuple qui longeait les rues silencieusement, il n'y avait qu'un psychopathe dans l'âme pour se comporter ainsi. Pour diverses raisons, il commença alors à se demander si en vieillissant, elle serait capable de découper des enfants... Et de manger leurs parents. Cette nouvelle pensée le fit sourire et tandis qu'il s'évadait dans des délires pour le moins étrange, la jeune fille reprit.

- Et vous ? Que venez-vous fuir ou chercher ? On ne sort pas sans raison sous en temps pareil.

Cette fois-ci, ça ne le fit pas rire du tout. Sa part adulte se senti touché par cette question. Il avait fuit son travail simplement par lassitude et il avait cherché à s'amuser en venant ici. Pourtant, il ne pouvait s'empêcher de penser qu'il se voilait une autre part de vérité, comme s'il tentait de cacher quelque chose qui lui manquait. Il ne répondit pas à cette question, se contentant de poser un regard vif et brutal sur elle. Aussi rapidement qu'il était arrivé, cette haine se dissipa, son visage reprit cette insouciance qui lui convenait tant.

- Et… puis-je savoir votre nom ?

Il se redressa, jetant son dévolu sur un petit caillou gris, taché de blanc. Son pied s'abattit sur la pierre qui s'envola un peu plus loin. Il dépassa son interlocutrice sans la regarder, donnant un nouveau petit coup dans le caillou qui s'envola pour atterrir miraculeusement dans une flaque d'eau et ainsi, échapper au sort funeste du rôle de ballon de foot. Le jeune homme croisa les bras derrière la tête, relevant le visage vers les cieux grisâtre. Les quelques gouttelettes qui tombait de cet univers dénudé de couleur vinrent s'écraser sur ses joues et il ferma les yeux. Il n'avait pas besoin de parapluie, car ce léger contact entre lui et la nature lui donnait la sensation d'être toujours vivant. Finalement, il tourna sur lui même pour faire face à la lycéenne, la gratifiant d'un resplendissant sourire. Son regard quant à lui se fit plus félin, plus fauve, plus curieux et amusé.

- Ewan.

Il ne chercha pas à connaitre son nom, elle serait sa camarade de jeu, il en avait décidé ainsi. Deux inconnus qui discutent simplement ensemble, sans jamais chercher à se revoir. Avec une gaieté juvénile, il imita une révérence des plus stupide et grossièrement imité. Il se pencha en avant, affichant une mine sérieuse mais voilé par un regard amusé.

- Puis-je vous tenir compagnie durant votre escarpade ? Ou est-ce que je suis de trop dans votre univers noir et blanc ?